vendredi

FESTTIVAL POLAR DE LA VILLE DE COGNAC DU 18 au 20 octobre 2013




Le festival Polar de Cognac propose, tous les ans, depuis 26 ans, une sélection de littérature polar et de bande-dessinée.
Ainsi, sont attribués des grands prix du roman noir et du roman policier.
Depuis cette année, la Ville de Cognac à décidé d'organiser un concours de la "nouvelle polar" dont la contrainte était de commencer le récit par "La seule chose que vous ayez retenue, selon vos dires, c'est le tracteur : un Massey-Ferguson rouge"...
Cette phrase étant tirée du livre de Pierre Magnan, "le sang des Atrides"...

Il se trouve que, je suis la lauréate du concours de la nouvelle polar de 2013...
Intitulée : "HARLEY DAVIDSON"
Et que, cela me fait plaisir et me conforte dans ma volonté et mon besoin d'écriture...
  


La nouvelle a été éditée et l'auteur et illustrateur de BD, Stéphane Heurteau a produit une superbe couverture qui illustre parfaitement l'histoire dont il a parfaitement saisi l'esprit...


L'histoire raconte les déboires d'un groupe de rock angevin, " Les Dream Catchers" qui vont vivre diverses péripéties assez rocambolesques, voire dramatiques, sans se départir de la touche d'humour noir qui caractérise la littérature du polar...
   
Quelques extraits à suivre :

 « La seule chose que vous ayez reconnue, selon vos dires, c'est le tracteur : un Massey-Ferguson rouge. »...
L'inspecteur Lehon, de la police judiciaire d'Angers, avait eu l'air effaré et incrédule quand, pour réponse à sa remarque, je lui avais chantonné :
- Je n'reconnais plus personne hors Massey-Ferguson...
Aussi, je m'étais bien vite reprise :
- Désolée, monsieur l'inspecteur... je perds un peu la boule avec tout ça... mais, chanter c'est mon boulot actuel, et j'ai quelques réflexes instinctifs...
- Bon, reprenons le fil des événements, mademoiselle, tout d'abord, vous avez vu ce tracteur...
- Oui, le Massey-Ferguson est passé tous phares allumés devant ma ferme sur la voie qui mène au château du Plessis...
- Vers quelle heure ?
- Minuit passé...
- Bien, il s'avère qu'un vol d'objets de grande valeur a été perpétré, cette nuit, au château...
- A ce propos, je n'ai-rien-remarqué et je n'ai-rien-entendu.
- Et, ce matin, vous avez fait votre macabre découverte.
L'inspecteur poursuivit mon interrogatoire...
 **
 J'étais tombée sur l'équipe de musiciens place de la gare de Cholet par une fin d'après-midi de l'été dernier. Je venais de rater le dernier train pour Angers et j'avais avisé un mini-bus pétaradant bourré de garçons, qui, d'après leur bavardage, attendaient quelqu'un en provenance du Croisic. Un beau brun a la frange gominée, dont le look avoisinait celui d'Elvis (jeune), se roulait une cigarette sur le marche-pied du combi. Je m'étais plantée devant lui, peu à mon avantage, dégoulinant dans ma robe fripée, et lui avais demandé :
- Bonjour ! Iriez-vous du côté d'Angers, par hasard ?
Il avait pris tout son temps pour me reluquer, avait allumé sa clope avec un Zippo et avait lâché :
- Ça se pourrait...
**
Elvis était invisible... Aussi bien dans la maison que dans le jardin. Je l'avais cherché jusque dans la grange et la niche délabrée du chien décédé. Le combi était garé, pas un seul des vieux vélos ne manquait et mon ami n'était pas du genre à commencer la journée par un jogging dans la campagne.
J'étais remontée à l'étage pour me doucher. J'avais enfilé un jean élimé, un débardeur blanc et mes vieilles tiags. J'avais ficelé la masse de mes cheveux en un chignon décoiffé et entrepris de faire un peu de ménage. J'avais collecté, dans un panier en osier, les bouteilles vides éparpillées un peu partout, cadavres oubliés de nos soirées festives... Dans un cliquetis de verre, j'avais pris le chemin du sous-sol en empruntant un escalier qui s'enfonçait dans le sol calcaire à partir de l'arrière-cuisine. Cela sentait la pierre humide, la moisissure ; il faisait frais et je frissonnais. Au bout des marches, j'avais débouché dans la cave, déjà éclairée, où s'étageaient des casiers de bouteilles et des barils de vin. Une appréhension soudaine m'avait saisie alors que j'entrevoyais une forme sur le sol de terre battue.
**
Elvis ne possédait rien, juste quelques fringues qui bouchonnaient sur une étagère de mon placard dont j'avais fait un balluchon pour Emmaüs dès en rentrant de la sépulture. Ensuite, j'étais allée dans la grange. D'un large mouvement de bras, j'avais retiré une bâche en plastique noire et dévoilé une moto étincelant de tous ses chromes, une superbe Harley-Davidson... Elvis bichonnait cet engin dont il se servait très peu. Dans l'instant, j'ai décidé de m'inscrire, dès le lendemain, à des cours de pilotage.
La nuit suivante, je m'étais endormie, le sourire aux lèvres, avec une chanson en tête, « Je ne reconnais plus personne hors Harley-Davidson... ».














dimanche

Rolling Stones at Glastonbury 2013

Rolling Stones at Glastonbury 2013 -- Complete Broadcast

http://youtu.be/OM51e8Stat8


"Des dizaines de milliers de personnes attendaient le début du concert des Rolling Stones, au festival de Glastonbury dans le sud-ouest de l'Angleterre, un nombre de spectateurs qui promettait d'être le plus important jamais enregistré pour un spectacle de ce festival mythique.

Les fans avaient pris place depuis parfois douze heures avant le début du spectacle que devait donner le groupe de rock légendaire sur la scène Pyramide. C'est la première fois que les Rolling Stones se produisent à Glastonbury, en cinquante ans de carrière."





mardi

lundi

FAN DES STONES (MICK JAGGER & I)




La question que l'on vous pose lorsque vous êtes fan des Stones: jusqu'où seriez-vous capable d'aller pour voir un "concert des Rolling Stones" ???
Bah... Je réponds que : 1) Je ne suis pas obligée de les voir en concert pour être fan... 2) Que j'ai forcément fait un coup de folie pour eux... Au moins, une fois dans ma vie... et que 3) Pour le reste, et en ce qui me concerne, c'est une "douce religion", une "drogue douce", un "happy feeling", a "way of life"...
Historiquement, mon "premier choc émotionnel" fut la découverte du titre "Satisfaction", au moyen d'un 45 t à la pochette jaune cartonnée, que j'ai passé et repassé tout un après-midi sur mon Teppaz en dansant dans ma chambrette, fenêtre ouverte sur la rue, faisant voltiger ma jupette et glisser mes babies... Ma révélation de toute jeune adolescente fut que la musique, c'était autre chose que la variété française pour mémères et compassés...  Durablement sonnée par l'électrochoc, s'est ensuivi une certaine modification de mon humeur, de mon esprit et de mon tempérament... oui, il existait autre chose dans la vie, que la chorale de l'école, Annie Cordy, Marcel Amont, les chansonniers et les Yéyés...

Une musique démoniaque me prenait au corps et au coeur, elle irradiait toutes mes cellules et faisait vibrer toute les parcelles de mon corps... Désormais, je saurais patienter pendant le prêche et les sermons du curé, je serais calme au catéchisme, car je penserai à toute autre chose... Je savais déjà qu'il y avait un mur à franchir pour sortir de mon monde policé, mais il y avait aussi, quelque chose derrière !!! Un univers complètement Stone..

Du coup je n'avais d'yeux que pour les garçons du collège qui portaient les cheveux longs, des tenues débraillées, et qui me tendaient des joints bricolés. Je guettais tous les articles sur les Stones et me rongeais les yeux sur les photos de Mick dont j'étais un peu amoureuse, il faut bien l'avouer... D'ailleurs je gardais secrètes, même pour ma meilleure amie, les pensées (même sages) qu'il m'inspirait... C'était une façon de rendre intime ma relation ultra personnelle et vibratoire avec le chanteur lippu...
Pour en revenir au point 1), bah oui, j'ai quand même fait un truc assez dément en juin 1976, pour voir les Rolling Stones, à la sortie de l'album "Black in Blue".... Je voulais attraper le groupe à l'occasion de leur tournée française, aux "Abattoirs de la Villette", à Paris ; mais, il n'y avait plus de places et j'en étais fort désolée... J'ai pris ma guitare (je ne sais toujours pas en jouer), mon sac à dos et ma copine et nous avons fait du stop pour descendre à Nice où il restait des places pour leur concert au stade Duret.... Le coup de folie était que je venais de passer mon bac dont je n'avais pas encore le résultat, en cas d'oral de rattrapage, il ne m'était pratiquement pas possible de revenir... Bref, j'étais partie, imprimant un tournant à ma vie, avec la "route 66" en tête...

"Je suis venue d’Eure-et-Loir avec mon amie Dominique. Après un détour par Nice, où nous avons vu le concert des Rolling Stones dans leur 1976 tour, nous avons joint la ville de Nyons en levant le pouce au bord de la route....
« Hitch hike baby, C'mon hitch hike, Hitch hike darling, C'mon hitch hike..."
J'ai grandi avec les Rolling Stones... toujours un de leur air en tête, un de leur refrain aux lèvres... Je peux penser, répondre, réagir aux choses avec une de leur composition, comme au moyen d'une seconde langue que j'aurais assimilée...
J'ai écrit mon deuxième livre "Initiales BB, une histoire très pop'n'roll" - initialesbb.blogspot.com - qui est le roman d'une jeune fille des seventies que l'histoire jette sur la route pour voir ce fichu concert stonien (toute ressemblance...). Ce n'est pas un ouvrage sur les Stones, mais ils transparaissent en filigrane ou sont cités tout au long de l'histoire... Béatrice, mon héroïne, rencontre Mick Jagger au chapitre 13, "Un château en Touraine"... ce passage particulier s'est décidé naturellement, au cours de l'écriture... comme une évidence... Béatrice et Mick, une belle rencontre...
Et mon hommage devient éternel...

Chapitre 13 extrait : "J'espère que mon brillant vis-à-vis ne lit pas dans mes pensées car son regard ne manque pas de perspicacité... S'il savait les flashs qui me traversent le cerveau alors que, l'estomac serré, je chipote les dernières cuillerées de mon dessert.
Je réalise ma position hallucinante, je suis prise de vertige... L'homme qui échange familièrement avec moi ne se doute pas qu'il a chamboulé mon adolescence, qu'il m'a aidée à grandir en éclairant mon monde sage et policé d'écolière provinciale, m'insufflant courage, fantaisie... quand baissais les bras, me désolais... qu'il m'a inspiré le désir d'être amoureuse, definitely...

Il se contrefiche, probablement, que les compostions des Rolling Stones imprègnent ma mémoire cellulaire, que j'identifie leurs chansons dès les premières notes d'intros, que j'ai porté leurs hymnes en étendard, qu'ils ont rythmé, ponctué les étapes et les moments clés de ma vie...
Mick Jagger se fout de savoir que j'ai traversé la France, en stop, à dix-huit ans, pour voir jouer le plus grand groupe de rock du monde, à Nice...
Je suis gagnée par le blues, je mesure le fossé qui nous sépare, je me sens insignifiante, Nico avait raison de se moquer de moi..."
et, Béatrice réagit comme moi : elle
Derrière Nicolas, l'amoureux de Béatrice, se dresse la statue et l'aura de Mick J, c'est son petit frère, son apprenti, son padawan... C'est ainsi que Béatrice, inconsciemment, identifie l'amour de sa vie... Cependant, il ne saurait y avoir de comparaison ou de rivalité, Mick étant du domaine du mythe...

J'ai envoyé mon livre ainsi qu'une lettre au "Seigneur de Fourchette" en son château de Pocé-sur-Cisse, en Touraine... Je ne sais s'il en a pris connaissance. Qu'importe après tout, car mon message est parti, il diffuse, il ne m'appartient plus...
et mon hommage devient éternel...

Jeudi 25 octobre 2012, j'ai vu les Stones dans une toute petite salle parisienne, le Trabendo... Je pense ne jamais les revoir de si près en concert... eux qui drainent des milliers de fans à chaque représentation... Une sacrée claque, un beau cadeau, une grande générosité...
Lov you Mick...






jeudi

Manifestation Paï-Paï


 SPÉCIALE "INITIALES BB"
une histoire très pop'n'roll
Avec l'Association Paï-Paï
Samedi 29 septembre 21H00
Dimanche 30 septembre 14H00
Présentation du livre
ambiance seventies, musique, vidéos...

PAI-PAI : 49, rue du Pré-Pigeon - Angers





mardi

Chapitre 16 - LOLA L.O.L.A.




"Il est frappé par la présence magnétique d'une jeune fille, longue liane fine et souple, qui déambule avec aisance et légèreté... Elle est l'image de la grâce, de la candeur, mais dégage une certaine assurance conférée par la certitude d'être à sa place en ce lieu, comme elle doit l'être partout, malgré son extrême jeunesse.
C'est ainsi que sont les adolescentes maintenant, nettement plus matures, pense l'homme brun qui la détaille en esthète, fauché par une émotion profonde non identifiée.
Elle porte une jupe très mini sur des jambières en dentelle noire et des ballerines du même ton. Ses longs cheveux bruns aux reflets rouges ondulent et sont répandus sur un T-shirt moulant à paillettes, on lui devine une poitrine délicate. L'ensemble pourrait paraître de mauvais goût sur n'importe qui, sauf sur elle...
Elle s'appuie d'une épaule au chambranle ouvragé d'une porte, elle lève à sa bouche une coupe de champagne qu'elle lape ingénument.
Une Lolita délicieusement provocatrice... Irrésistible, irréelle créature de manga...
L'homme brun se dit que celui qui osera l'approcher ne pourra faire autrement que de l'emporter. Réalise-t'elle la jungle où elle se trouve ? Claude s'est approché de lui pour balancer d'une voix égrillarde :
- Intéressante n'est-ce pas ? Cette minette doit-être une apprentie chanteuse en quête de pygmalion... Qui l'a invitée ?
- Je ne sais pas... Elle est différente des autres greluches...
- Tu parles ! Encore une qui se tape l'incruste et vient tenter sa chance... Quelqu'un va la prendre en main, gaulée comme elle est... J'essaierai peut-être tout à l'heure si elle s'est pas fait embarquer. Pour le moment, j'ai mieux à faire que de tester les nymphettes, Ophélie vient d'arriver...
- C'est ça, je ne te retiens pas...
L'homme brun fait le tour du somptueux appartement lambrissé, situé au dernier étage de l'immeuble occupé par « Planet Prod ». Il discute avec des gens de la profession musicale, artistique, médiatique... Il est en représentation. Il écoute les sollicitations, écourte les félicitations, évince les importuns, évite les hystériques... Il garde un œil sur la divine gamine... Ce soir, il est las de tout ce simulacre d'existence auquel il souscrit depuis qu'il a perdu la foi.
Tout le monde ici a remarqué l'adorable esseulée, les hommes lui jettent des regards gourmands, les femmes des œillades jalouses. Cela va mal finir pour elle...
Il se décide à l'aborder, si ce n'est pas lui, un autre le fera... Il sent qu'il ne le supportera pas. Il veut la connaître. Cela devient urgent, impératif, vital. Elle a peut être besoin d'être renseignée, rassurée...
Elle le voit venir, semble même l'attendre, elle lui plante un regard droit, dur, noir...
Il prend un direct au cœur, tousse, est obligé de mettre une main devant sa bouche.
Elle le contemple, l'air ironique, un charmant sourire trousse ses lèvres et lui dessine des fossettes...
Il tente avec une certaine timidité :
- Excusez-moi, mademoiselle, puis-je vous aider?
- Possible...
- Je ne vous ai jamais vue...
- Je ne suis pas d'ici...
Un accent chantant perce dans ses paroles et il s'en amuse :
- En effet...
- Vous vous moquez ?
- Mais non, c'est charmant... Quel est votre nom?
- Lola...
L'homme est pris d'un léger vertige, il se ressaisit.
Elle fredonne :
- « L.o.l.a... Lola... And I drink champagne and dance all the night... ».
II éclate d'un rire fantastique qu'elle reçoit avec joie et fureur, c'est bien lui, le diable de séduction signalé. Il ne perd rien pour attendre...
- Bravo chérie ! Tu connais tes classiques...Tu me plais...
- N'est-ce pas ? susurre-t'elle.
- Tu sais, bien sûr, que cette Lola n'était pas celle qu'elle paraissait être...
- Tout comme moi...
Il la scrute, intéressé :
- Vraiment...
- Vous voulez voir ?
Lola darde des yeux brûlants sur l'homme qui baisse le regard mais le replace très vite sur elle. Il est ému au-delà du possible. Une autre rencontre lui revient... Décalée, mais d'une intensité comparable. La rencontre de sa vie. Quel est ce nouveau tour diabolique que lui réserve le destin ? Le train de la félicité passerait-il deux fois, ou bien est-ce celui de la rédemption ? Il est bouleversé mais méfiant.
Pourtant, la jeune fille l'attire incroyablement. Il la détaille lourdement, ce regard, cette bouche, ces cheveux, ce maintien... Tous ces signes qui le tuent, c'est un doux et tendre supplice en forme de souvenance vibrante...
D'où vient-elle ? C'est invraisemblable... Cette gamine lui rend plus cruelle son actuelle solitude de nanti désabusé d'un monde superficiel. Il réalise qu'il n'en peut plus de son vide existentiel. Plutôt crever, ici, maintenant, que de supporter davantage cette mascarade... Elle... lui indique le point de rupture.
Lola le contemple, touchée, sa détermination vengeresse se craquèle... Ce type dégage un charme flamboyant tempéré par une mélancolie blasée... Il est farouchement séduisant avec sa chevelure noire en pétard, striée de fils gris et son rire en cascade. Elle se surprend à être fière de ça...
Elle devine... Mieux, elle capte tout en un éclair... Avec sa lucidité, son intuition, sa sensibilité. Le grand cirque de l'attraction, de l'amour, de la répulsion... Et l'amour qui ne meurt pas, qui ne peut pas mourir, qui ne veut pas mourir. Elle aussi est faite de cette matière... Amour, haine, attirance, rejet...
Toutefois, elle le tourmentera jusqu'au bout, elle murmure :
- Vous ne dites plus rien, vous vous sentez mal?
- Je réfléchis...
- Super ! Un homme intelligent ici ! Vous ne vous êtes pas présenté...
- Nicolas, Nicolas Toulouse...
- Ah ? Ça tombe bien, c'est vous que je cherche...
- Pardon ?
- C'est vous que je cherche...
- Pourquoi ? Tu as besoin de moi ?
- Non...
- Tu chantes ?
- Oui... Non...
- Je peux t'aider, si tu veux...
- Non...
- Pourquoi me cherches-tu, alors ?
Lola assène avec une tranquille assurance :
- Pour vous tuer...
Elle pointe de son index le cœur de Nicolas :
- Pour vous tuer, là...
- Qui es-tu ?
Il tremble, il blêmit...
Elle continue :
- Pour vous briser le cœur...
- Il l'est déjà...
- Non, pas complètement, il bat toujours... La preuve, vous souffrez...
- Qu'en sais-tu ?
- Ça se voit...
- Arrête ce jeu...
- Je veux vous détruire...
- Pourquoi, chérie ?
- Comme vous avez détruit ma mère...
Le coup est terrible. Il chancelle, passe la main sur son front, sur sa poitrine. Il peine à respirer..."



lundi

Chapitre 15 - NISSA LA BELLA - extraits...


"Je suis tombée amoureuse du « Vieux-Nice », village dans la ville, j'en sillonne les ruelles tortueuses aux façades ocre jaune, animées d'envols d'escaliers, je m'égare dans son dédale coloré, odorant, sonore et cosmopolite. J'ai déniché un trois pièces au dernier étage d'un immeuble ancien, comportant un balcon en fer forgé, des baies munies de volets persiennés, peints en vert, qui laissent diffuser la lumière en rais obliques. L'habitat vernaculaire de la vieille ville, de par son implantation resserrée, protège du soleil ; les placettes, percées de fontaines, sont des refuges d'ombre et de fraicheur. De mon appartement, j'ai vue sur la Montagne du Château et la Baie des Anges.
J'ai coutume de vadrouiller sur la plage aux galets roulants. Je m'assois face à la mer, mes yeux se portent sur le camaïeu bleu de l'horizon, là où le ciel se fond dans l'eau, je me sens minuscule, à l'extrême bord de mon continent..."


"Au jardin du Vieux-Château, un mini festival de musique populaire est donné une fois par an, au mois de mai. J'y vais rarement... Sauf cette fois car la fille d'Antoine s'y produit avec son groupe et Lola, qui vient d'avoir onze ans, veut voir jouer sa baby-sitter...
On accède au promontoire boisé, qui offre une vue grandiose sur la vieille ville, la Baie des Anges et le port, par une allée goudronnée ou, plus directement, par un sentier qui serpente dans la rocaille.
Une foule familiale et endimanchée s'y presse, une estrade est dressée pour le spectacle et des stands de jeux sont installés pour les enfants. Ma gamine cours d'une attraction à l'autre, elle a retrouvé des camarades d'école. Elle porte une robe claire volantée, petite elfe au corps menu et bronzé dont les longs cheveux noirs ondulent et virevoltent dans le dos."

"Je surveille Lola qui attend son tour près du chariot aux couleurs vives du marchand de glaces ambulant. Elle reçoit un cornet débordant de crème glacée rose et jaune qu'elle commence à lécher avec application. Je la hèle et elle s'élance avec son trophée. A ma gauche, une silhouette noire s'extraie de la masse humaine compacte et mouvante, elle m'est si familière qu'il me semble l'avoir quittée depuis quelques secondes... Elle me précipite en arrière pulvérisant l'espace temps des années qui nous séparent.
Jeans râpés, blouson élimé, cheveux noirs en pétard, allure vive et décidée, le garçon n'a, apparemment, pas changé. Je me pétrifie, transformée en statue de sel, respiration coupée, cœur en déroute...
Sa trajectoire va croiser celle de Lola qui file me rejoindre... J'assiste, impuissante, au télescopage. La fillette, déséquilibrée, laisse choir sa glace aux pieds de l'homme en noir qui la rattrape aux épaules. Tous deux contemplent le cornet éclaté et son contenu répandu...
Nicolas a gardé une main sur Lola, buste penché, il lui parle, elle acquiesce de la tête et ils se dirigent vers le vendeur de glaces."

***
J'ai pris mes dispositions pour me libérer momentanément de mes obligations professionnelles. La moins heureuse était Lola, qui appréciait peu mon départ et de loger chez ses grands-parents :
- Tu pars combien de temps ?
- Trois semaines...
- Je viens avec toi...
- Et l'école ?
- Bof...
- Quoi, bof ?
Il était hors de question qu'elle me suive, je lui ai proposé de me rejoindre pour les vacances de Noël, cela correspondait à son concours de musique, elle était sélectionnée et j'en étais fière. Elle s’entraînait sérieusement avec sa guitare sèche, répétant des chansons d'Emmylou Harris, de Linda Rondstadt... Avec ses longs cheveux bruns, son petit visage concentré, ma fille ressemblait à une jeune prêtresse folkeuse, sa voix était haute et claire, s'éraillant parfois, son jeu net et précis. J'étais impressionnée... Je pensais que son père ne l'aurait pas reniée et serait tombé à genoux devant tant de grâce virginale, lorsque perchée sur son tabouret, elle me proposait une chanson :

- Ecoute-bien maman, c'est « To Daddy » de Emmylou...
« Mama never seemed to miss the finer things of life
If she did she never did say so to daddy
She never wanted to be more than a mother and a wife
If she did she never did say so to daddy
The only thing that seemed to be important to her life
Was to make our house a home and make us happy
Mama never wanted any more than what she had
If she did she never did say so to daddy... »
Le réalisme de ces paroles m'avait fauchée, j'avais détourné la tête pour qu'elle ne me voit pas pleurer. Ma Lolita frôlait les étoiles, si proche d'atteindre sa révélation. ».




mercredi

Chapitre 14 - YOU CAN'T PUT YOUR ARMS AROUND A MEMORY - extraits


  "Une bouteille de vodka plus tard, en majeure partie éclusée par moi, nous sommes en pleine phase de dénigrement des mecs, nous critiquons leur égoïsme, leur lâcheté, leur mauvaise foi... Je tente d'anesthésier ma douleur dans l'alcool mais je m'aperçois qu'il la rend plus vivace ; de surcroît, je réussis à me rendre malade, je sens mon estomac se retourner et n'ai que le temps de foncer aux toilettes pour dégueuler. Je passe une nuit d'enfer chez Rachel, à vomir mes tripes, à grelotter, fiévreuse, sous ma couverture. Au matin, je suis ratatinée comme une vieille serpillère, un peloton d'épingles me transperce le cerveau, le moindre bruit, la moindre lumière me fusille le crâne. Inutile d'aller au cabinet d'études. J'absorbe un paquet d'aspirine effervescent avant de percevoir le moindre soulagement."


"Je paie une place et m'installe au bar, j'ai soigné ma tenue que je néglige pourtant depuis que j'ai perdu la foi... jeans, bottines effilées et spencer cintré rouge vif. Je suis seulette, mais pas pour longtemps... Je discute à bâtons rompus avec des rockers d'opérette, en mal d'auditoire, qui m'offrent boissons et cigarettes...
Un petit remue-ménage se produit à l'entrée de la boîte, Johnny T, cheveux en pétard et lunettes noires, teint cireux, pantalon de cuir, fait irruption avec quelques comparses ; dans sa foulée, Isa... décidément, elle prend du grade dans ses relations branchées... Elle se tortille sur quinze centimètres de talons aiguilles, une mini-jupe en skaï rouge met en évidence ses longues jambes gainées de bas résille, elle est suivie par Nico, en perfecto élimé, la démarche chancelante. Leur cortège tapageur, à l'allure sur-lookée, m'arrache un sourire ironique...
Nico m'a aperçue, il m'approche, l'air peu amène :
- T'es venue...
- Désolée de t'avoir désobéi, mais, je comprends mieux la raison de ta réticence, dis-je en désignant Isa du regard.
- Toujours à dramatiser...
- Nous ne vivons décidément plus dans le même monde... C'est bien de changer, mais sans déchoir, sans trahir...
- Les grands mots...
- Aux grands maux, les grands remèdes...
- Je flaire la menace...
- Et tu fais bien...
Il me jette, avant de se sauver :
- Excuse-moi, je suis attendu..."




"Elle a arraché son regard de Nicolas, franchi la porte... Dans la rue, des chants religieux sirupeux diffusaient des hauts-parleurs. Elle a essuyé d'un revers de main les grosses larmes accrochées à ses paupières.
Elle a marché vers la camionnette, elle savait que si elle se retournait et levait les yeux aux fenêtres, elle flancherait, et que tout pourrait recommencer...
Mais, elle ne l'a pas fait.
Elle n'était plus sûre de l'amour de Nicolas.
Il l'a regardée partir, assommé. Il a senti flancher son cœur et s'est écroulé dans un fauteuil, submergé par la douleur, réalisant, d'un seul coup, ce qu'avait enduré Béatrice...
Il aurait pu tenter de la rattraper, tout aurait recommencé, ou presque...
Mais, il ne l'a pas fait.
Il a murmuré :
- Je sens que je vais haïr Noël, mon amour...
Il a passé une main tremblante sur son visage moite et blême, puis, a extrait un petit sachet blanc de la poche intérieure de son blouson.
Il saurait bien la faire revenir...
Il a chantonné, la voix cassée :
« ...Feel so cold and all alone
Cause baby, you're not at home
And when I'm home
Big deal, I'm still alone
Feel so restless, I am
Beat my head against a pole
Try to knock some sense
down in my bones
And even though they don't show
The scars aren't so old
And when they go
They let you know
You can't put your arms around a memory
You can't put your arms around a memory
You can't put your arms around a memory
Don't try, don't try... » (Johnny Thunders - You Can't Put Your Arms Around A Memory)

INITIALES BB * ATELIER DE LA CITE * vendredi 25 mai à Angers * 17h00-19h00

INITIALES BB, une histoire très pop'r'roll,
A


se retrouver dans l'ambiance... du livre... et boire un verre...





vendredi

INITIALES BB SUR RADIO G - 101.5 FM ANGERS - le 18 MAI à 21H00


ÉMISSION SPÉCIALE "INITIALES BB"
RADIO G - 101.5 FM ANGERS
VENDREDI 18 MAI 21H00-22H00
dans "Hips and Makers"
Une émission bimensuelle qui propose de la musique pop, rock, folk et électronique anglo-saxon des 60's à aujoud'hui

mercredi

Chapitre 13 - UN CHATEAU EN TOURAINE... extraits...


"Je réalise ma position hallucinante, je suis prise de vertige... L'homme qui échange familièrement avec moi ne se doute pas qu'il a chamboulé mon adolescence, qu'il m'a aidée à grandir en éclairant mon monde sage et policé d'écolière provinciale, m'insufflant courage, fantaisie... quand baissais les bras, me désolais... qu'il m'a inspiré le désir d'être amoureuse, definitely...
Il se contrefiche, probablement, que les compositions des Rolling Stones imprègnent ma mémoire cellulaire, que j'identifie leurs chansons dès les premières notes d'intros, que j'ai porté leurs hymnes en étendard, qu'ils ont rythmé, ponctué les étapes et les moments clés de ma vie...
Mick Jagger se fout de savoir que j'ai traversé la France, en stop, à dix-huit ans, pour voir jouer le plus grand groupe de rock du monde, à Nice...
Je suis gagnée par le blues, je mesure le fossé qui nous sépare, je me sens insignifiante, Nico avait raison de se moquer de moi...
Perdue dans mes réflexions amères, j'ai décroché de la conversation, j'ai dû rater un épisode, car mes voisins m'observent, attendant manifestement une réponse à la question que m'a posée Mick... Il répète :
- Avez-vous des enfants, Béatrice ?
Mes yeux se brouillent, je murmure :
- Non... j'ai un vieux chien... Jumpy Jack...
La star me sourit :
- I've already said, you're nice, Béatrice...
Mon interlocuteur est généreux... Je recouvre alors espoir et entrain, me laisse porter par le charme du moment. Je suis en train de graver des souvenirs impérissables...
L'après-midi est déjà bien entamé quand nous rentrons au château, légèrement éméchés et guillerets..."



TEASER présentation + Vidéo...