mercredi

"INITIALES BB" au Festival "Rue des Livres" 2, 3, 4 mars à Rennes

Chapitre 9 - INITIALES BB - extraits...

"A treize ans, Béatrice termine son année de cinquième à l'école « Notre-Dame des Oiseaux » de Dreux, établissement religieux où l'éducation, de la primaire à la terminale, est sérieusement et sévèrement dispensé, dans une stricte discipline. La mixité scolaire obligatoire est appliquée depuis peu et l'école accueille désormais des garçons. Les classes présentent toutefois un avantage en nombre pour les filles.
Certains enseignements sont encore spécifiques, pendant que les garçons ont cours de « technologie », les filles ont cours de couture ou de cuisine... Beaucoup d'entre elles protestent, mais sœur Solange, professeur « d'activités manuelles », prétend qu'il est plus important pour une demoiselle de savoir faire des ourlets et de broder plutôt que de tracer des plans ou de réaliser le branchement d'un circuit électrique.
- Votre place n'est pas au garage ou à l'atelier mais à la cuisine ou à la lingerie.
Béatrice estime que ça ne sert à rien de se rebeller dans l'immédiat, elle sait que son heure viendra... Les fillettes ont réalisé une série de mouchoirs avec leur monogramme en brodant des morceaux de toile.
Chantal a soupiré en se piquant le doigt pour la énième fois :
- Ça n'avance pas, c'est trop minutieux, et regarde comme c'est moche !
Son carré de lin est taché et froissé, effiloché dans tous les sens... Béatrice a pouffé :
- En effet, t'es pas très douée...
- C'est pas comme toi, tu te débrouilles bien ! Et puis BB, c'est chouette comme initiales ! C'est sexy, vroum vroum!
Dominique qui peine aussi, a ajouté :
C'est plus classe que CD ou DP ! Ça c'est sûr !"
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"Sensibilisée par sa grand-mère à la possibilité d'un monde au-delà de la matière, en dehors du contexte religieux, Béatrice a conscience de l'aura vibratoire qui se dégage des êtres et des choses. Les émotions et le plaisir émettent des ondes auxquelles elle est réceptive. L'amour peut se décliner sous différentes formes ; Béatrice aime ses livres, les roses du jardin, le gâteau qu'elle prépare, les promenades en forêt... Elle aime sa famille, ses copines... Elle aime déjà, à la folie, le futur « amour de sa vie »...


En ce qui concerne ses rapports avec les garçons, elle évite les braillards, les balourds qui pratiquent les jeux brutaux et sous-estiment les filles. Elle préfère ceux qui dégagent un « je-ne-sais-quoi » de mystérieux... Elle est attirée par les taciturnes à peau mate, au regard noir, les musiciens sensibles aux doigts racés qui présentent un coté androgyne, une attitude secrète. Ils sont séduisants selon son code particulier de l'esthétisme...
Toutefois, ces êtres fantasmés ou distingués à l'école, au hasard de ses rencontres de collégienne sage, ne valent pas son cousin François. Ils se révèlent souvent décevants après plus ample connaissance."
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"Il semblerait qu'elle ne soit pas au bout de son plaisir, car, à l'instant, Mick se tient devant la platine, contemplant la pochette d'un disque qu'il tourne rêveusement au bout de ses doigts, elle représente le bassin d'un type moulé au plus près dans un jean et comporte une vraie fermeture éclair... Le garçon lui brandit l'objet sous le nez :
- Regarde ma puce ! Le nouveau Stones, « Sticky Fingers » !
Elle le prend à son tour, sidérée par l'incroyable pochette, avec une envie irrésistible de s'activer sur le zip...
- Tu l'as écouté ?
- Oui, une fois, je te le passe... Ouvre grand tes oreilles... Il monte le son.
Ils s'isolent dans leur écoute attentive.
Les trois premiers morceaux scotchent Béatrice, « Brown Sugar, Sway et Wild Horses... », le reste suit..."
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"Il tend la main vers le visage de Béatrice pour écarter une mèche qui lui tombe dans les yeux. A ce geste, elle remarque le doigt sanguinolent du garçon :
- Tu t'es blessé ?
- C'est rien, j'essaie de changer un des carreaux fêlés de la fenêtre du local. Je ne suis pas très habile pour ça, je me suis un peu coupé.
- Mais ça saigne ! T'as mal ?
- Pas du tout...
La fillette extraie de sa manche son mini mouchoir en batiste, elle saisit la main de François et lui entoure délicatement le doigt avec le tissu replié.
Son cousin proteste :
- Qu'il est joli ce mouchoir ! A tes initiales, BB... C'est dommage, tu vas le gâcher !
- Ce n'est pas grave, j'en ai d'autres...
Il pose sa main bandée sur son cœur et se penche vers elle, l'embrassant sur le front :
- Merci ma belle, je le garderai toute ma vie..."

TEASER présentation + Vidéo...